Gastoon, le neveu de Gaston. Houba houba.

Combien de temps doit-on attendre avant de violer un cadavre?

L'image est forte, mais bon, c'est ça les fans hardcore de BD, on se sent toujours obligés d'exagérer nos sentiments.

Donc, pour ceux qui sauraient pas, Marsu Productions a envie de faire son intéressante (c'est le bon moment, les intellectuels sont occupés avec la Lybie, la Syrie et la Vache qui Rit) et prévoit de sortir Gastoon, une série dérivée de la BD Gaston, du très grand Franquin.

Une série dérivée, ce n’est pas nouveau, y'a plein d'exemples, celui qui présente le plus de points similaires ici, c'est Le Petit Spirou.

Alors, Gastoon, c'est le neveu de Gaston, tu vois. Oui, je sais, toi aussi tu trouves que c'est un chouette nom et que ça a dû être tellement difficile à trouver pendant les cinq premières minutes où ils ont réfléchit à la création de cette série (je parle pas des auteurs mais des mecs qui donnent et récoltent l'argent). Ses amis sont le portrait craché des mecs que son tonton fréquente. Parce que, ouais, là où le Petit Spirou était un tant soit peu original et proposait de découvrir des personnages inédits (Vertignasse, Monsieur Mégot AKA le prof de sport dégueu qui me ressemble beaucoup ces temps-ci (mais c'est pas ma faute, je suis au chômage et j'aime la bière) et l’abbé Langélusse, enfin, un travail de création quand même), Gastoon fait le minimum syndical et pompe à mort l’univers de Franquin, parce que c’est plus facile (mais bon, c’est peut-être adressé aux acheteurs des Blondes, donc on se met au niveau).





Le neveu de Gaston est une création de Franquin, vu une seule fois, sur la planche juste en dessous à gauche.

En gros, le temps d'un gag. Pas assez pour vraiment être une caution.

Alors, première (et dernière) question, POURQUOI. (QUELLE BELLE SOIRÉE!)

Pour l’argent, crieront les gros enculés fondamentaux que nous sommes. Bien sûr. C’est clair. Faut pas se mentir, Gastoon marchera, on le téléchargera tous pour au moins voir l’ampleur des dégâts. Après, la version officielle sera sûrement qu’il s’agit là de présenter l’univers de Franquin à la jeune génération. Ne pas laisser mourir son univers (parce qu’au bout d’un moment, tout le monde aura les rééditions de rééditions de rééditions d’intégrales et on gagnera sensiblement moins d’argent, forcément), bon, ça reste une bonne raison. Mais dans ce cas là, autant le faire bien.

Je n’ai vu que quelques planches du projet pour l’instant, une postée par Ben BK qui avait tenté une colo test dessus.  Et d’autres là.

Bon, c’est pas drôle et comme disent mes amis anglais, pointless. C’est quoi le point. Bordel. Après, évidemment, c’est que quelques planches. A voir sur la durée, p'têt qu'il y aura un quelconque intérêt ou des gags à sauver, mais j'y crois pas trop.

Je sais pas quoi penser des auteurs. J’aime Yann, j’aime les Turgie. Ça paraît une bonne équipe. Je les aimais bien. Un poil moins maintenant qu’ils se compromettent dans un album produit pour la thune et le pouvoir, au lieu d’aller vaquer à leurs propres créations (ce qu’ils font bien).

Yann, surtout. Bordel, Yann, tu te rappelles tes Hauts de Page dans Spirou avec ton pote Conrad et d’autres ? Tu sais, quand tu te moquais joyeusement et follement de ceux qui plagient les œuvres des autres ?

Un rafraîchissement, il fait chaud :

 

Bon, il est tôt/ tard, je dois dormir, je laisse le mot de la fin à Franquin, (août 1996, quelques mois avant sa mort) dans une interview avec Hugues Dayez  histoire de.

Hugues DAYEZ : Il y a un terme qui revient souvent dans cette conversation, c'est le terme « instinctif ». Il faut le sentir, dites-vous. Est-ce pour cela que vous n'avez pas pu déléguer Gaston contrairement au Marsupilami ?

Franquin : Je ne sais pas. S'il fallait en vieillissant écrire mes dernières volontés, je serais tenté de dire: ne faites jamais dessiner Gaston par quelqu'un d'autre. Mais je ne le ferai pas. Pourtant, je n'aimerais pas faire dessiner Gaston, même par un très bon dessinateur, même s'il est capable de partir de mon style et de faire mieux […]

Oh, et puis tant qu'on y est, une vidéo sur Franquin, pour ceux qui ne l'auraient pas vue.



Bisous.